J’ai passé une bonne nuit. Réveillé relativement tôt, mais c’est dans ma nature, cela me convient bien. Je pense avoir résolu mon problème de sommeil. C’est simple, il faut tout simplement éviter l’alcool, tout du moins en début de séjour, le temps de laisser mon horloge interne réguler tranquillement et sans perturbateurs, le décalage horaire. Je quitte aujourd’hui la bouillonnante capitale Thaïlandaise, pour m’envoler vers Chiang Mai, la grande ville du Nord, un peu plus paisible sur le papier.

Après un pantagruélique petit déjeuner, je saute dans le bus pour l’aéroport Don Muang. Plus petit que l’aéroport principal Suvarnabhumy, il est principalement dédié aux vols domestiques, bien que des vols internationaux viennent s’y échouer. Par les grandes baies vitrées de ma porte d’embarquement, je remarque qu’il y a deux pistes parallèles. Jusque là rien d’anormal, sauf cette chose pour le moins inattendue : entre ces deux pistes… un parcours de golf. Oui, on vient taper la petite balle blanche entre les deux pistes d’un aéroport. L’une d’elles est dédiée au transport civil, tandis que l’autre fait partie de la base militaire adjacente.

Vol assez rapide entre Bangkok et Chiang Mai, la grande ville du nord. Avec une population d’environ 170 000 habitant, Chiang Mai semble, sur le papier, beaucoup plus paisible, infiniment moins d’agitation, comparée à la capitale. Le petit aéroport est à quelques kilomètres seulement de la vieille ville, là même où je vais résider durant ces prochains jours. J’apprécie ces petits aéroports à taille humaine, un peu comme celui de Genève, proche de chez moi. Je ne ressens pas d’oppression, contrairement aux tentaculaires plateformes aéroportuaires comme peut l’être celui de Doha ou de Londres Heathrow entre autres.

Je paie 30 bath le bus qui m’emmène vers le centre-ville. Et comme souvent, je descends bien avant ma destination. J’aime prendre la température du lieu, apprécier l’ambiance, l’atmosphère de cet endroit encore inconnu pour moi, et mettre au travail mes sens pour en faire l’acquisition. Une sorte de préliminaire. La marche est le meilleur moyen pour cela. Et mon simple petit sac de cabine facilite grandement les choses.

Histoire courte

Chiang Mai, la « Ville Nouvelle », est fondé en 1296, par le Roi Mengrai, pour en faire alors, la capitale du royaume de Lanna. Ce n’est qu’en 1774, et après de multiples revirements, que le Royaume de Lanna devint officiellement une région du Royaume de Siam, l’actuelle Thaïlande.

 Le centre historique s’inscrit dans un carré presque parfait d’environ 1,6 km de côté, et ceint de douves en eau dans sa périphérie. Des murs épais furent construits jadis, permettant la protection de la ville des envahisseurs birmans. On en voit aujourd’hui des vestiges, entrecoupés de portes d’entrée, dont certaines assez imposantes et fort bien entretenues.

Parenthèse Thérapeutique

Sur le chemin un type m’interpelle, nous faisons connaissance, il s’appelle Denis, il est québécois. Cela fait 14 ans qu’il vit en Thaïlande, et un an et demi en compagnie d’une charmante Thaïlandaise. Il m’apprend qu’il est retraité de l’entreprise canadienne Bombardier Aero. Il me parle d’une technique de massage qui l’a remis en état après un grave accident. Avec cette technique, le geste de la masseuse s’apparente davantage à celui du tailleur de pierre. À l’aide d’un maillet en bois et d’un cylindre également de bois et à bout arrondi, la masseuse tape sur les muscles, et diffuse des ondes de choc qui pénètrent en profondeur à l’intérieur des chairs. Contrairement aux massages classiques qui restent assez superficiels.

Tony est en fait un rabatteur pour le salon de massage de son épouse. Il me propose d’essayer. Un quart d’heure pour 100 bat. J’accepte. Le thé au gingembre est inclus dans la prestation. La zone de test est au niveau de ma hanche droite, une vielle douleur que je traine depuis 9 ans et se réveille de temps à autre, souvenir d’une saison de course à pied en montagne. J’avais alors moi aussi cédé à la mode du trail, une drogue comme une autre, qui pour certain, laisse des séquelles parfois à vie. La séance n’est pas désagréable et pas vraiment de douleur digne de ce nom. Mais je n’ai pas spécialement de douleur en ce moment, alors difficile à dire si cette technique est efficace, il serait bon de répéter l’opération sur le long terme, un jour sans doute…

Quiétude

Je reprends mon chemin dans les rues et ruelles du Vieux Chiang Mai pour rejoindre mon guest-house, réservé depuis Bangkok. C’est une charmante maison de bois foncé et de construction traditionnelle thaïlandaise. Nichés dans un écrin de verdure, des arbres et autres plantes tropicales ont pris possession des lieux. Un léger ruissellement se fait discrètement entendre de la cour intérieure verdoyante et ondulante au gré d’une douce heureuse brise. Gavin, le propriétaire anglais, est très avenant. Sans trop en faire, il prend le temps de m’expliquer comment fonctionne la ville, les choses à voir, à faire, comment se déplacer…

Les hôtes sont priés de se déchausser au pied même du bâtiment où se situ leur chambre, et cela me plaît. Ma chambre justement, presque entièrement de bois, est assez spacieuse. Sans fioriture excessive, juste le strict nécessaire, et, chose rare de nos jours, pas de télévision. De petits écriteaux çà et là, préconisent le calme absolu après 21 h. C’est parfait : point des vibrations du monde, l’espace de quelques jours. Lieu d’absolue quiétude. 

Écriture

Assise à une table dans le patio, une jeune femme est concentrée sur son petit ordinateur portable. Je la verrai là chaque matin en sortant de l’hôtel et chaque soir en rentrant. Plus tard je ferai furtivement la connaissance de cette jeune Française, très occupé à écrire un livre, parce que c’est son métier.

Cela m’amène à quelque questionnement sur ma propre existence. Moi aussi j’ai un métier, jardinier à mon propre compte. Beau métier, diront certain. Pour moi il représente tout d’abord une forme de liberté qui m’est chère par-dessus tout. Mais à l’approche de la cinquantaine, l’activité, pratiqué seul depuis plus de 10 ans devient usante pour l’organisme. Je songe à faire autre chose.

Voir cette jeune dame exercer son « métier », paisiblement assise au cœur de ce verdoyant hôtel thaïlandais me donne à réfléchir, et m’inspire…

Je me souviens de mes lectures à l’adolescence. Roger Frison-Roche en premier lieu, tout à la fois montagnard, journaliste, écrivain, et voyageur.

Et là… je rêve…

Thaïlande

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