Je suis surpris à quel point la température a baissée durant la nuit. La climatisation n’est plus indispensable, tout du moins en seconde partie de nuit, et durant les premières heures de la matinée. Ce n’est pas pour me déplaire, je ne suis pas vraiment un adepte de ces engins. Si bien qu’à mon réveil j’ai presque froid. Après la fournaise de Bangkok, il est bon de respirer un peu.

Excellente nuit, au calme. Les petits écriteaux de Gavin fonctionnent à merveille. Ce n’est pas un endroit pour faire la fête et cela me correspond bien, il y a tant d’autres lieux dédiés à cela.

Un délicieux et copieux petit déjeuner m’attend dans le patio verdoyant. Le chant des oiseaux et le doux murmure de la fontaine viennent parfaire ce moment. Pastèques, ananas frais, et sucreries locales, délicatement servis sur des feuilles de bananier me ravissent autant les yeux que le palais. Si l’on ajoute le sourire du personnel, ce moment banal devient un enchantement. Légèrement à l’écart, la jeune dame écrit.

Après ce petit déjeuner, Gavin vient me demander le programme de ma journée. Ce dernier m’a parlé, la veille, d’un grand temple bouddhiste, perché à flanc de montagnes qui surplombent la ville de Chiang Mai : le Wat Phrathat Doi Suthep. Je souhaite en faire la visite aujourd’hui. Il m’indique comment m’y rendre facilement, mais ça, je n’en doutais pas, se déplacer en Thaïlande est d’une facilité déconcertante.

Le zoo

Je pars sans attendre à sa conquête, avant que la chaleur n’écrase tout en ville. Pour commencer, j’attrape un bus public. Celui-ci m’emmène gratuitement jusqu’au zoo, à l’ouest de la ville, que je m’empresse de ne pas visiter. Je ne supporte pas la vision de ces animaux sauvages derrière les barreaux. Les zoos étaient à l’origine, destinés à montrer au public, les espèces animales venant de lointaines contrées. Un spectacle en somme, un divertissement. Peu à peu, ces lointaines contrées ayant subi une démographie humaine effroyable, les zoos sont davantage devenus des sanctuaires pour animaux en danger d’extinction. Et quand les hommes remplacent les arbres, les animaux qui parviennent à subsister dans leurs milieux naturels deviennent des « nuisibles » et des indésirables. Et le carnage continu. Les zoos ralentissent la disparition de certaines espèces, ils ont malheureusement acquis cette vertu-là, je le reconnais. Mais il m’est trop difficile de les voir en cage, en prison.

Le zoo : une prison, où les coupables sont du mauvais côté des barreaux.

À partir du zoo, je dois grimper dans ces fameux « Red car » ou songthaews si répandus en Thaïlande. Ils font partie du folklore local, empruntés principalement par les touristes. Ce sont, en grande partie, des pickups, avec un toit à l’arrière ,mais ouvert à tous les vents. On s’y entasse à 8 ou 10, voir beaucoup plus. Ce n’est pas le grand confort, mais pour une somme modique, on peut, grâce à ces engins, faire la visite de nombreux sites excentrés et parfois difficiles d’accès. Ils permettent également de rencontrer facilement d’autres voyageurs. Je remarque aussi qu’ils ont le pouvoir de mettre le sourire aux passagers, le côté atypico-exotique de ce mode de transport, sans doute. Personnellement ils me rappellent ma jeunesse, quand les enfants s’entassaient à l’arrière des « Jeep Willis » et autre « Toy » de ma famille, sur les chemins de montagne de mon enfance. C’était un temps béni où tout ou presque était encore permis. 

Les pickups sont chargés à bloc, et sur ces routes de montagne, les vieux moteurs diésels recrachent une grosse fumée noire, et nous respirons à plein poumon les effluves du pot d’échappement qui remonte jusqu’à nous. Pas mécontent d’arriver, un peu nauséeux, devant l’entrée du temple. Il y a du monde, beaucoup de monde. La place centrale est tenue par une cohorte de « red-car ». De grands bus touristiques sont également stationnés sur la place. Pas de doute, je vais être très entouré aujourd’hui.

Wat Phrathat Doi Suthep

Un grand escalier de pierre rouge emmène les visiteurs à l’entrée réelle du temple de Wat Phrathat Doi Suthep. De part et d’autre de l’escalier, les rambardes sont en fait deux immenses dragons verts à quatre têtes, semblant mettre en garde le visiteur quant à sa bonne tenue dans ce temple. 

Pour une modique somme, on accède à ce vaste temple, situé en pleine forêt. Balcon spirituel au-dessus de la vallée de Chiang Mai. Ce lieu est tout simplement un chef-d’œuvre. Les dorures s’harmonisent impeccablement avec cette verdure exotique. Le mois de janvier est sans doute propice à la visite. Les arbres en fleurs explosent de couleurs vives et chatoyantes. Je suis obligé de m’approcher de l’un d’eux pour admettre qu’il est bien réel tant il me semble extraordinaire. Les temples de Bangkok m’avaient alors subjugué de par leurs beautés, mais ici la nature montagnarde rehausse encore le niveau. Dans cette atmosphère, le Bouddhisme est en accord parfait avec la nature. 

Malgré la foule, ne jonche le sol, que des pétales de fleurs tombées des arbres. Pérégrination dans une explosion de verdure et de scintillante dorure. Déambulation au cœur d’un jardin presque suspendu. Un autre monde.

Un escalier m’emmène au point culminant du temple. Une terrasse sommitale, ouverte à tous les vents, offrent au visiteur un point de vue sur la vallée et la ville de Chiang Mai. Quatre majestueux et imposants piliers de bois finement sculptés, mêlant vie quotidienne et spiritualité, soutiennent un toit aux frontons également sculptés. 

Il semblerait ce lieu, béni des dieux.

Le temps s’écoule aussi au paradis. Y séjourner quelques jours serait sans doute une expérience hors du commun, hors du temps. Un jour viendra.

Wat Phrathat Doi Suthep / Cliquez sur une image ci-dessous pour ouvrir la galerie.

« de 2 »

L’enfant moine

En redescendant les escaliers, je reprends pied avec l’humanité, je redescends de mes rêveries. Un peu à l’écart du cœur de ce temple, j’empreinte un sentier isolé sur l’un de ses flancs, à l’ombre d’arbres majestueux. Je croise des statues de bouddha, de petits temples, d’imposants gongs suspendus. Dans un détour du sentier, je suis surpris par la présence d’un très jeune moine, environ 11 ou 12 ans. Il est seul, assis en tailleur dans une alcôve de pierre. La verdure dégouline autour de lui. Nous nous regardons, je lui fais un petit signe de tête, il me le rend timidement. Il chante doucement, tout en griffonnant des pièces de monnaie à l’aide d’une pointe métallique. J’imagine le déranger, je commence à m’éloigner, mais il me fait signe de m’approcher. Malgré son jeune âge, l’enfant c’est moi. Il me tend une pièce d’un Bath :

— Is it for me ?

— Yes.

Je n’ose lui demander la signification de ce geste. Je le remercie en joignant les mains. Je suis très gêné et surtout intrigué par ce don. Je m’éloigne lentement, il reprend son chant.

Étrange rencontre. Un charisme, une aura indescriptible se dégage de cet enfant moine. Je n’oublierai pas ce regard, ce chant, ce don. Un moment simple, mais un moment fort de ce voyage. 

Songthaews Fumant

Retour sur la place bouillonnante et rougeoyante des songthaews sur le départ. La transition est violente. La descente sur Chiang Mai est assez folklorique, mon pickup démarre à moitié vide. Nous cueillons quelques personnes en chemin pour finir pleins comme un œuf quelques kilomètres plus loin. Mon songthaew est hors d’âge, il fume autant à la descente qu’à la montée. Les gaz d’échappement me donnent la nausée. Il faut absolument me procurer un masque. Mais pour 40 bat le voyage, mieux vaut ne pas s’attendre au grand luxe. Le songthaew décharge une bonne partie de sa cargaison près de la porte nord de la vieille ville. Heureux d’arriver à bon port, et de finir à pied.

Thaïlande

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