Fermer la porte de chez soi et partir pour un long voyage. Voilà un beau moment de vie. 

C’est, à ce moment précis, le début du voyage physique. La mise en mouvement du corps, la transition. Parce que le véritable voyage commence souvent bien avant cet instant. Bien avant également toutes les choses d’ordres matériels, telles que passeport, visa et autre billet d’avion, de train, etc. La genèse d’un voyage d’envergure peut avoir ses racines dès l’adolescence, parfois même dès l’enfance. Un film, un livre, un reportage télé, un article dans un journal, un magazine, un parent ou un inconnu s’en revenant. Notre inconscient enregistre, analyse, classe, avant de restituer, de régurgiter, puis notre conscient transforme cela en désir, en nécessité, et enfin en action. Nombre d’entre nous souhaitent partir l’esprit léger, sans se documenter sur la destination, se remettant tout entier à leurs sens. Cette façon de faire ne se discute pas. Mais je ne suis pas de ceux-là. Je lis tout ce que je peux attraper sur le sujet, la géographie, l’histoire, la politique, l’économie, les mœurs… Je ne pense pas m’encombrer le cerveau à connaître toutes ces choses, bien au contraire, elles m’aident à mieux appréhender, à mieux comprendre ma destination. Et de ce fait, le voyage a déjà commencé. C’est également pour moi un beau moment. Je commence toujours à lire des choses anciennes pour finir par des choses très actuelles. Cela pour éviter d’avoir un trop grand choc le jour de mon arrivée. Les choses du monde évoluent à une vitesse telle depuis quarante ans qu’il faut s’en prémunir, s’y préparer et ne surtout pas rester sur les anciens témoignages, la déception en serait bien trop immense pour un nostalgique convaincu.
Un petit exemple pour étayer cela : en janvier 2020 je sillonnais la Thaïlande. J’étais alors sur l’ île de Ko Phi Phi, dans la mer d’Andaman. Je me sentais un peu perdu au milieu d’une foule de fêtards, sur cette île entièrement voué au tourisme de masse. Il me prit l’envie d’appeler mon cousin qui est venu ici-même il y a quelques décennies. Je lui fait une description assez précise de ce qui m’entoure. Il était là en 1986, il m’explique qu’il y avait alors seulement quatre bungalows en tout et pour tout, destinés à accueillir les rares visiteurs de passage. Il fallait puiser l’eau douce d’un simple trou pour se désaltérer et se laver sommairement. Seule quelques habitations de pêcheurs s’élevaient çà et là, un peu en retrait de la plage, dans la cocoteraie qui recouvrait en totalité ce qui aujourd’hui n’est plus qu’une grande station balnéaire. Je savais toutes ces choses avant de poser le pied sur cette île. Le choc n’en fut pas moins terrible. Je préfère tout de même être préparé à cela. Partir “en poète” peut être dangereux pour l’âme. 

J’ai évoqué le fait de lire un simple livre avait le pouvoir de déclencher un désir de voyage. Le journaliste et écrivain Philippe Labro est donc le responsable principal de mon premier voyage. Quelques années après avoir lu son excellent livre “un été dans l’ Ouest” je m’envolais moi-même pour Denver au Colorado, l’état américain où se déroule ce roman. J’ai, en quelque sorte, marché sur ses traces, tout du moins au début de ce voyage, simplement parce qu’au départ, j’apprécie cet écrivain. Il en faut peu parfois pour susciter une envie de partir. C’était mon premier voyage, j’avais alors 21 ans. Grand et magnifique voyage de trois mois à travers l’Ouest américain et le sud du Canada, dont le déclic était un simple livre.
Il faut être curieux. Curieux des beautés du monde. Dans ce cas précis, ce n’est pas un vilain défaut. Loin s’en faut. Il faut lire les récits, voir les reportages, écouter les voyageurs, il y en a tant. Tous différent, tous utiles. Ce désir de vagabondage est nécessaire à l’âme. Nécessaire à l’équilibre de l’individu curieux de nature. Ne pas refouler, ne pas remettre à plus tard. Il y aura toujours une particule positive à ramener, à engranger d’un voyage. Quelque chose d’unique qui viendra s’agréger dans notre inconscient. Quelque chose qui construira notre personnalité. Et peu importe si l’on se sent incompris de certain. L’important étant de saisir ce qui fera de nous un être parfaitement en phase avec sa nature profonde. Ce qui est bien là le principal.

Désir de Voyage

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