Vieille ferme savoyarde avec potager, vaches allongées, poules en liberté et femme au travail sous la montagne
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La ferme de ma tante

L’une de mes tantes s’en est allée. Pas encore très âgée, un cancer l’a tout de même emportée.
Sa vie durant, cette paysanne s’est démenée afin de donner à manger aux habitants proches de sa ferme.
« Circuit court », dit-on maintenant, comme si les néo-paysans venaient d’inventer ce principe.
Avec son mari, elle était propriétaire d’un troupeau d’une trentaine de vaches laitières.
Le lait était apporté à la fruitière toute proche, puis transformé en fromage.
Un grand et magnifique jardin potager produisait des légumes en abondance.
Ma tante les vendait sur un marché une fois par semaine, mais surtout directement à la ferme,
ainsi que tous les autres produits qu’une ferme peut fournir : lait, œufs, volailles…

Au-delà des produits qu’elle vendait, il y avait aussi une discussion, un contact, un échange,
sur la vie de tous les jours, l’actualité et les cancans du village, bien sûr.
Pour les gens qui vivent à 100 à l’heure, un passage chez ma tante était une pause dans leur journée,
une parenthèse, et, pour certains, un retour aux sources presque nostalgique, un retour à l’enfance,
car tous ou presque ici ont des origines paysannes.

Avec sa disparition, les terres agricoles attenantes à la ferme seront dispatchées aux broyeurs de paysage
que sont les promoteurs, avec non seulement l’aval, mais l’encouragement d’une élite gouvernante
qui n’a de cesse de promouvoir son « aménagement du territoire ».
Insupportable terme désignant la bétonisation, le goudronnage,
bref, plus de monde, plus de trafic, et bien entendu, toujours moins de Nature.

La ferme, merveilleuse bâtisse multiséculaire, finira, dans le meilleur des cas,
transformée en appartement sans âme, mais qu’importe, puisqu’ils seront à fort rendement locatif.
Et dans le pire, abattue, détruite, broyée elle aussi, par une armada mécanique.

L’âme paysanne disparaîtra à jamais.
Place à l’industrialisation alimentaire.
Place au moderne.
Place aux immeubles connectés, tagués, agités.

Et si tout ceci n’était qu’une immense erreur ?

Les paisibles vaches, les yeux mi-clos,
ne rumineront plus aux heures chaudes, à l’ombre du verger de ma tante.

Vieille ferme savoyarde avec potager, vaches allongées, poules en liberté et femme au travail sous la montagne
Ma vieille tante s’en est allée, emportant tout un monde avec elle
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